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La création d'un Rapport Extra-Financier pertinent et stratégique : Mode d’emploi !

Par Maxime BAILLY, le
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Quel que soit le référentiel choisi, le rapport extra-financier doit servir la durabilité de l’entreprise. Dans ce but, Maxime Bailly, Expert People4Impact, pose dans cet article les concepts clés et la méthode de construction de ce rapport afin de lui permettre de devenir une réelle démonstration du traitement opérationnel des risques et des enjeux les plus stratégiques et pertinents.

Par nature et selon la définition du développement durable du rapport Brundtland, le rapport doit rendre compte que l’activité de l’entreprise répond aux besoins du présent, sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs.

On ne prend conscience et ne gère que ce que l’on mesure. Seuls les indicateurs clés de performance permettent de rendre compte des impacts et des progrès d’une entreprise. Par exemple, sans bilan carbone, une entreprise reste inconsciente de son impact en émissions de CO2 et ne peut pas progresser sur les postes les plus significatifs.

Une entreprise est un acteur au sein de parties prenantes. La qualité des interactions d’une entreprise avec ses parties prenantes est la base de la pérennité de l’entreprise. La construction d’un rapport extra-financier permet d’en rendre compte.

Le rapport se doit aussi d’être une démonstration méthodique et rigoureuse de la gestion de vos risques et enjeux extra financiers. En prenant cet exercice comme tel, l’entreprise traitera les sujets extra-financiers de manière stratégique et opérationnelle. Cette démarche donnera de la crédibilité et de la fiabilité aux informations présentées.

Enfin, ce rapport contient des informations, fiables, pertinentes, comparables, vérifiables, compréhensibles, utiles à la décision et financièrement matérielles.

Les grandes étapes de construction de votre rapport

Le modèle d’affaires

Le modèle d’affaires est une infographie sur deux pages permettant tant à l'interne qu’à l’externe d'avoir une vision claire, pertinente et exhaustive des ressources, de la création de valeur et de l'activité de l'entreprise. Cette infographie fournit ainsi une vision claire des activités de l’entreprise et des relations avec ses parties prenantes en répondant aux questions suivantes :  sur quelles ressources reposent mon activité ? quelle est ma création de valeur et pour qui ? quelle est ma chaine de valeur, en amont et en aval ? Les réponses à ces questions seront les éléments clés de cette représentation.

Les éléments clés à y faire paraître ?

Cette infographie est donc composée de données quantitatives, des chiffres clés issus des indicateurs clés de performance ainsi que des données qualitatives telles que la raison d’être, la vision, les valeurs, mais aussi les tendances du secteur et tout autre résultat ou information de l’entreprise en question.

Son utilité

Au-delà d’intégrer une belle image dans son rapport, cette infographie servira à l’organisation de prise de conscience sur les fondamentaux et les éléments indispensables à son activité. C’est également un document de synthèse. Le modèle d’affaires servira de support essentiel de présentation auprès des clients, fournisseurs, investisseurs ainsi que nouvelles recrues. Une fois finalisé, il est à communiquer au sein de l’entreprise pour permettre à chacun de se rendre compte de sa contribution dans cette chaine de valeur.

L’analyse des risques et des enjeux

Cette étape de réflexion permet d’identifier et de hiérarchiser les risques et enjeux les plus pertinents pour l’entreprise. Un risque est une possibilité de survenance d'un événement ou d’un aléa pour l’entité, aussi bien en interne qu’en externe, via l’ensemble de ses parties prenantes. Un enjeu est un sujet qui reflète les impacts économiques, environnementaux, et sociaux qui influe l’opinion des parties prenantes. Ces termes associés à extra-financier, aussi appelé ESG, porteront donc sur les thématiques dîtes sociales, environnementales, sociétales et de gouvernance.

Son utilité

Les notions de risques et enjeux associées au développement durable sont vastes. Pourtant, une entreprise a des spécificités qui lui sont propres de par sa taille, ses activités, sa localisation, son mode de développement, ses expertises, ses parties prenantes... Ces étapes d’analyse permettront de traiter l’ensemble des risques et des enjeux extra-financiers les plus pertinents, opérationnels, stratégiques pour la pérennité de ses activités.

La qualité de vos analyses

Afin que ces analyses soient bénéfiques pour anticiper et couvrir les risques et les enjeux, la liste initiale à hiérarchiser se doit d’être pertinente et exhaustive. Le travail d’identification pourra reposer sur un travail de comparaison avec d’autres entreprises et de la recherche documentaire sectorielle ou universelle comme ceux décrits dans les Objectifs du Développement Durable.

Au regard de la connaissance scientifique quant à l’importance de certains enjeux et de la veille réglementaire sur la taxonomie verte, les enjeux suivants devront être étudiés puis hiérarchisés :

  • l’atténuation du changement climatique et l’adaptation au changement climatique
  • l’utilisation durable et la protection des ressources aquatiques et marines
  • la transition vers une économie circulaire
  • la prévention et le contrôle de la pollution
  • la protection et la restauration de la biodiversité et des écosystèmes

Le résultat de ces analyses pourra être représenté dans des matrices afin d’en avoir une lecture claire et rapide.

Les moyens mis en œuvre pour couvrir ces risques et ces enjeux

Une fois que les enjeux et les risques prioritaires et propres à l’entreprise ont été identifiés, il est nécessaire de les traiter avec l’aide d’une gouvernance adéquate de sorte que ces derniers impactent le moins possible l’entreprise.

Gouvernance

Quand on parle de gouvernance, on souhaite comprendre par qui et comment les risques et enjeux sont portés au sein des différents organes et niveaux de direction de l’entreprise. Il est ainsi intéressant de décrire le rôle des personnes responsables de la surveillance, de l’évaluation et la gestion des risques et des enjeux. Ainsi, les compétences et aptitudes clés dans la gestion de ces enjeux et risques pour la direction générale (ou équivalent) peuvent être utiles à présenter. Pour bien démontrer l’engagement et le déploiement des actions et des politiques mises en place, on peut détailler comment les mesures de performance correspondantes et les objectifs de l’entreprise sont intégrés dans les politiques de rémunération. 
Toutes ces informations peuvent paraître sommaires, toutefois, elles donnent une preuve significative d’engagement de la part de l’entreprise et une crédibilité à ses démarches.

Politiques, plans d’action, résultats

Une politique se définit par un engagement affirmé au plus haut niveau, généralement formalisé par un document engageant un ou plusieurs membres de la direction, diffusé ou accessible aux personnes concernées incluant généralement des objectifs d’amélioration.

Les plans d’action sont spécifiques à des activités localisées et sont de durée et récurrence variables.

Les résultats sont des évènements ponctuels illustratifs de la finalité des plans d’action en cours ou terminés.

Les politiques, plans d’action et résultats regroupent toutes les actions que l’entreprise met en œuvre pour traiter ces enjeux. Ils se distinguent par leur récurrence (régulier, ponctuel, exceptionnel) et leur niveau d’engagement affirmé et formalisé par l’entreprise.

Indicateurs clés de performance

Les indicateurs sont des données quantitatives spécifiques, suivies et associées à un ou plusieurs enjeux. Ils peuvent être sous forme numéraire, de ratio ou de pourcentage. Il est nécessaire qu’ils soient définis le plus spécifiquement possible au traitement d’un enjeu, utile à la décision et permettant la prise de conscience de l’impact et de ses progrès. Pour atteindre ces contraintes, il est possible d’en suivre plusieurs se complétant. 

Par exemple, s’agissant du suivi des émissions de carbone, il est utile de prendre un indicateur numéraire pour prendre conscience de l’impact global et exhaustif, puis de le compléter d’un indicateur “d’efficience” rapportant les émissions de carbone sur une unité de production ou une donnée financière.

Une fois défini, l’organisation doit s’engager sur des objectifs précis annuels et des années de référence données pour progresser et engager les plans d’action adéquates pour les atteindre.

 

Le rapport extra-financier, en présentant un état des lieux exhaustif des impacts des activités de l’entreprise pour chaque exercice, rend possible le pilotage de la performance extra-financière. La construction de ce rapport, pour être efficace, doit impliquer de nombreux métiers au sein de l’organisation. Les experts indépendants People4Impact peuvent vous aider à rendre efficients vos efforts tout en maintenant vos ressources opérationnelles sur vos activités.

 

Auteur : Maxime Bailly, Expert People4Impact