Chronique4Impact

Achats Responsables : l’exemple des textiles responsables

Par Marie-Hélène Blanché, le
@unsplash

Lorsqu’on décide de débuter ou renforcer sa démarche Achats Responsables au sein de son organisation, la première étape est sans nul doute de mener une analyse des risques RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). Par conséquent, cela consiste à évaluer les impacts environnementaux, sociaux et sociétaux de ses achats, pour chacune des catégories d’achats, en considérant l’ensemble du cycle de vie des produits et prestations.

Quel est le degré d’impact (de limité à très fort) ? Quelle est sa probabilité de survenance (de rare à fréquent) ? Quel plan d’action pour minimiser les risques ?

La norme NF ISO 20400 propose d’apprécier les impacts selon les 7 lignes directrices que sont : la Gouvernance, les Droits de l’Homme, les Relations et Conditions de travail, l’Environnement, la Loyauté des pratiques, les Consommateurs, le Développement local.  

Cette analyse va permettre aux acheteurs de classer les catégories d’achats par niveau de risque potentiel. 

Une des catégories d’achats qui, malheureusement, arrive souvent en tête de classement en termes d’impacts négatifs est l’achat de textiles : tenues du personnel, linge de maison, tissus d’ameublement ou vêtements (en particulier si vous êtes une enseigne textile).

        © Guille Sánchez.   Un volume de vêtements équivalant à 1,5 fois l’Empire State Building, est incinéré ou mis en décharge chaque jour. 

Cette industrie, gourmande en fibres naturelles ou synthétiques, nécessite de nombreuses étapes, essentiellement manuelles, tout au long de la chaîne de valeur. Cela peut générer des risques sur les conditions de travail des ouvriers impliqués et des abus en termes de droits humains.

C’est une industrie parmi les plus consommatrices d’eau au monde (au troisième rang derrière la culture du blé et du riz selon l’ADEME).  Le processus de production peut également générer de la pollution des sols et de l’air et émet autant de gaz à effet de serre que les vols internationaux et le fret maritime confondus. Et tout cela pour que chaque seconde, l'équivalent d'un camion entier de vêtements parte à la poubelle (Chiffre monde - Ellen MacArthur Foundation) !!

Il est donc capital, en tant qu’acheteur, de questionner ses fournisseurs sur leurs pratiques et celles de leurs sous-traitants. 

Cela permet, dans un premier temps, de mesurer leur impact environnemental et de connaitre leurs politiques sociales. 

Dans un deuxième temps, on les accompagnera dans la mise en place de solutions plus vertueuses et on les amènera à faire cette même démarche auprès de leurs sous-traitants afin de faire essaimer ces bonnes pratiques sur l’ensemble de la supply-chain. Cela amène aussi le donneur d’ordre à reconsidérer ses propres pratiques pour que le cahier des charges ne soit pas la cause de mauvaises pratiques (exiger des délais trop courts, imposer des tarifs trop contraignants, régler tardivement les factures, demander des volumes supérieurs aux capacités du fournisseur …).

La sélection d’une matière spécifique, l’ajout d’accessoires, le choix d’une couleur, la volonté d’ajouter un procédé particulier ou encore le délai de livraison auront une influence déterminante sur les impacts environnementaux et sociaux. C’est un travail d’éco-conception collégial entre le donneur d’ordre et ses fournisseurs qui permettra de minimiser les impacts tout au long des processus de fabrication et d’anticiper la gestion de la fin de vie des produits.

Si vous souhaitez en savoir plus, l’atelier ludique et collaboratif, La Fresque du Textile, créée par l’association Green Donut, permet d’avoir une vision holistique de cette industrie. C’est un formidable outil de mise en mouvement pour inventer de nouveaux modes de production et de consommation.

La prise en compte de ces enjeux est un gage de résilience pour l’entreprise, car elle permet de satisfaire les attentes des parties prenantes : les collaborateurs à fidéliser, les clients à satisfaire, les fournisseurs dont il faut devenir le client préféré, les financeurs/investisseurs à convaincre, le territoire dans lequel s’inscrit son activité et le regard des journalistes, des Organisation Non Gouvernementales, des influenceurs, des organismes de certification, des législateurs.

« Nous ne sommes plus aujourd’hui dans une logique uniquement de croissance et de positionnement, il faut aussi bâtir la résilience, ce qui est fondamental aujourd’hui. » - MEDEF – Juillet 2020

Cette démarche exige de la co-construction et de la transparence.

Mon conseil pour réussir ?  S’inscrire dans des relations de long terme avec ses fournisseurs et adapter sa posture et ses modes de management ! Un climat de confiance est le sésame du changement efficace.

 

Auteure : Marie-Hélène Blanché, Experte People4Impact