Chronique4Impact

Comment les enseignes de distribution procèdent-elles pour décarboner leurs offres ?

Par PHILIPPE BEAUD, le

Photo Unsplash x Philippe B.

L’engagement officiel des entreprises en faveur du climat est heureusement en passe de devenir la norme pour nombre d’entre elles. Cette prise d’engagement nécessite de revoir un certain nombre d’activités et de processus émetteurs de carbone afin d’en réduire l’impact au maximum. La grande distribution alimentaire n’est pas en reste et s’engage massivement dans des plans climats qui sont, pour la plupart, en conformité avec les principes de l’Accord de Paris.

Ces engagements, souvent importants pour l’entreprise, impliquent une révision fondamentale du modèle d’affaires de l’entreprise.

Les entreprises du secteur de la grande distribution sont ainsi confrontées à trois enjeux principaux :

1-     Revoir le modèle de consommation énergétique.

2-     Engager les fournisseurs à réduire leur empreinte carbone.

3-     Offrir des gammes alternatives de produits à faible émission carbone.

Revoir son modèle de consommation énergétique

En ce qui concerne le premier enjeu, et même si le poids carbone des consommations énergétiques d’un distributeur est faible par rapport à l’ensemble de son bilan carbone (entre 1% et 4%), cela reste une première étape fondamentale avant de demander à ses partenaires de modifier leurs pratiques. Il s’agira principalement d’augmenter la part d’énergies renouvelables, avec la chance d’avoir des surfaces de toits importantes pour capter l’énergie solaire tout en optimisant les consommations des équipements comme les fours et éviter la déperdition de froids dans les magasins.

Engager ses fournisseurs à réduire leur empreinte carbone

Le deuxième enjeu nécessite de mettre le climat au cœur de la dynamique commerciale pour ne pas avoir à choisir entre performance commerciale et performance carbone. A cet effet, il s’agira pour un distributeur de déployer une stratégie d’engagement fournisseurs, sachant que tous les fournisseurs n’auront pas le même niveau de pratique et de maturité sur le sujet. La question est alors de pouvoir engager plusieurs typologies de fournisseurs, sans être pris au piège d’une performance carbone qui servirait de levier d’inflation. Ainsi, la montée en compétences sur la thématique climat des équipes achats est fondamentale, afin de pouvoir lire correctement un programme de réduction carbone et filtrer les réelles augmentations de coûts sans oublier les baisses de coûts inhérentes également à tout plan carbone. Cette transformation, impliquant des surcoûts mais également des économies, doit être au cœur des discussions entre industriels fournisseurs et distributeurs.

Offrir des gammes alternatives de produits à faible émission carbone

Enfin, inciter ses fournisseurs à réduire leur propre empreinte carbone n’est généralement pas suffisant, il convient alors de promouvoir d’autres modèles économiques et produits qui seront davantage vertueux d’un point de vue carbone. Cette étape implique, pour un distributeur, d’être moteur dans les changements de consommation et mettre en avant des produits à faible émission grâce à des modèles qui feront la promotion de produits bas carbone.  A ce titre, le facteur d’émission carbone deviendra demain la référence de la performance climat d’un produit et donc de son fabricant.

L’engagement climat implique, pour la grande distribution, de redéfinir une partie de son modèle en définissant ses combats et ses enjeux principaux afin de faciliter la transition vers une consommation à faible émission carbone. Être l’intermédiaire entre des consommateurs parfois peu renseignés sur les enjeux carbone de leurs produits mais également des industriels qui s’engagent à vitesse et moyens hétérogènes, nécessite un leadership fort des acteurs de la grande distribution, afin de promouvoir une consommation responsable et vertueuse qui impactera favorablement les pratiques et modes opératoires des industriels agroalimentaires.  

Auteur : Philippe B., Expert People4Impact 

Philippe Beaud, Consultant spécialisé en Développement Durable, met à profit son expérience de Directeur Achats et RSE auprès d'entreprises du secteur de l'agroalimentaire pour développer la performance durable de la fonction achats.