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CSRD : la RSE à l'ère de la transparence dans la com

Par cyrille jubert, le

Photo Canva x Cyrille J.

La CSRD, acronyme désormais familier dont le fonctionnement a été largement décrit, s'annonce comme le moteur d'un renouveau économique, incitant les entreprises à réconcilier performance financière et engagements RSE. Véritable riposte au 'greenwashing', elle se profile comme le levier décisif pour concrétiser enfin les engagements des Accords de Paris.

L’adaptation des grands groupes de communication à la CSRD

Dans ce contexte, le choix de concentrer cet article sur les grands groupes de communication n'est pas anodin. Au cœur de l'écosystème informationnel, ces acteurs jouent un rôle déterminant dans la perception et la valorisation des engagements en matière de développement durable par le public. Cependant, leur position centrale peut sembler paradoxale : comment ceux qui ont historiquement maîtrisé l'art de façonner les perceptions peuvent-ils devenir des champions de la sincérité et de l'action authentique contre le greenwashing ? Cette interrogation met en lumière l'importance cruciale, mais aussi la complexité, du rôle des groupes de communication dans la transition vers une véritable durabilité, faisant d'eux des acteurs clés dans l'effort collectif pour répondre aux défis environnementaux et sociaux de notre temps et à leurs injonctions contradictoires. 

Dans cet article, nous ne plongerons pas dans les détails des étapes et mécanismes de reporting, dans le labyrinthe des ESRS ni dans la quête des indicateurs pertinents. Les normes sectorielles spécifiques sont en cours de rédaction par l'EFRAG et les entreprises référencées par la COFRAC comme l’Afnor proposent de nombreux webinar là-dessus.

 

 

Des actions tangibles et mesurables

À l'approche de 2025, l'introduction de la double matérialité, une pierre angulaire de la CSRD, marquera un tournant pour les grands groupes de communication, au même titre que pour les autres entreprises soumises à cette directive et aux exigences des ESRS. Dès l'aube de 2024, certains groupes, comme Publicis et Havas, se distinguent déjà par des rapports extra-financiers précis, même s'ils n'ont pas encore communiqué sur leur double matérialité. Telefónica, cependant, a pris les devants en initiant ce processus dès 2021, démontrant la préparation proactive de certaines entreprises face à ces nouvelles exigences. Leur rapport de 2022 offre une évaluation rigoureuse de sujets clés tels que la cybersécurité, le climat concurrentiel, et la gestion de l'énergie, soulignant à la fois l'impact sur la société et la création de valeur pour l'entreprise.

Ce processus illustre l'importance de considérer à la fois les impacts sociétaux et financiers. Telefónica a mis en évidence des enjeux tels que la gestion de l'eau et les effets du changement climatique pour leur impact financier. Cette double approche est centrale dans la nouvelle ère de responsabilité et transparence. Il est compréhensible que Telefónica, tout comme d'autres entreprises, n'ait pas encore pleinement adopté les normes ESRS. Ces dernières, conçues pour renforcer la spécificité et la comparabilité des rapports de développement durable en accord avec la CSRD, marquent un changement significatif. Leur pleine intégration représente un processus évolutif, reflétant une phase d'ajustement aux exigences complexes et détaillées.

 

Conclusion : Vers une nouvelle ère de responsabilité et de contribution 

Nous sommes à l'aube d'une ère où la fiabilité des rapports de durabilité prend une importance capitale, comparable à celle des déclarations financières. Ces rapports ne sont plus de simples exercices de reporting, mais des outils fondateurs pour la mise en œuvre d’actions réelles et mesurables. L'heure n'est plus à la mise en scène du "greenwashing", mais à l'engagement dans un changement véritable et à la contribution sociétale effective, au-delà des bénéfices. L'avertissement financier traditionnel fera place à l'"alerte environnementale", qui suggère une refonte profonde des modèles d'affaires.

L'approche développée dans "L'entreprise contributive : concilier monde des affaires et limites planétaires" par Céline Puff Ardichvili et Fabrice Bonnifet pose les fondations d'un nouvel équilibre économique, conscient des limites de notre écosystème. Face à ces défis, la nouvelle CS3D apparaît comme le nouveau devoir de vigilance intégré à la CSRD. Dans ce tourbillon d'acronymes, une interrogation persiste : comment les entreprises vont-elles intégrer ces directives pour devenir des acteurs clés dans la construction d'un futur durable ?


NB : Un Petit Clin d’Œil publicitaire à l’Histoire : "Arrêtez d'emmerder les Français"

Si Georges Pompidou appelait à "arrêter d'emmerder les Français", il dirait aujourd'hui aux gens : "Vous pouvez emmerder les entreprises... mais de manière durable !" La CSRD ne vise pas à alourdir les entreprises de paperasserie comme le prétend la chaine d’information continue “Cnews” mais à clarifier le chemin vers la durabilité. Elle doit être perçue comme un levier de changement, leur offrant une chance précieuse de prouver leur engagement pour un futur durable.

 

Auteur : Cyrille J., Expert People4Impact 

Cyrille Jubert est entrepreneur et expert en durabilité et ESG, son sujet de prédilection est la CSRD.