Chronique4Impact

L’entreprise à mission, nouvelle frontière de l’engagement des entreprises ?

Par Dominique Ganiage, le
Communauté des Sociétés à Mission

Réflexions sur le rôle social de l’entreprise, financiarisation croissante de l’économie, montée de la défiance à l’égard de l’entreprise sont des éléments qui ont conduit à l’adoption de loi PACTE et notamment à la création de la qualité d’entreprise à mission. Aujourd’hui, à mi-2022, 3 ans après l’adoption de la loi, près de 700 entreprises ont choisi cette option, marquant une forte dynamique mais c’est encore peu…

Devenir une entreprise à mission cela veut dire définir sa raison d’être mais aussi déterminer le ou les objectifs sociaux et environnementaux que la société se donne et les modalités du suivi de leur exécution

Pourquoi devenir une entreprise à mission ? 

On relève en général plusieurs motivations au choix d’aller vers cette « qualité » (entreprise à mission n’est pas un statut) : 

  • Des raisons stratégiques : avoir un cap qualifié et formaliser le projet de l’entreprise qui va vraiment dans la durée
  • Une volonté de s’inscrire dans les attentes sociétales en soulignant les dimensions sociales et environnementales de l’engagement dans un contexte où les entreprises sont contestées sur ces champs et confrontées à des accusations croissantes de greenwashing
  • Un moyen de mobiliser et fidéliser les salariés et d’attirer de nouveaux candidats, car les salariés sont de plus en plus en quête de sens,
  • Plus globalement, se montrer en accord avec la société et ses attentes

Mais attention, aller dans cette voie ne saurait n’être quelque chose de « cosmétique » et relever de la communication. On va vers l’entreprise à mission parce que c’est une volonté stratégique. C’est un engagement qui n’est pas neutre et qui produit des conséquences dans la durée.  

 

Comment devenir entreprise à mission ? 

C'est un choix managérial fort et mobilisateur des parties prenantes, et un processus engageant. Il prend un peu de temps, gage aussi de sa solidité. Ce processus passe par une série d’étapes, qui peuvent partiellement se mener en parallèle :

  • Définir sa raison d’être. C’est un processus participatif en général très productif et qui mobilise notamment le personnel. La formulation, une fois recueillis les éléments, peut être un peu complexe pour à la fois être courte, reprendre le fond de l’engagement et permettre que l’on reconnaisse l’entreprise derrière sa raison d’être
  • Définir les objectifs environnementaux et sociaux qui accompagneront cette raison d’être et qui doivent être à la fois ambitieux, sauf à risquer l’accusation de greenwashing, et réalistes pour pouvoir être tenus. Ils sont évidemment associés à des indicateurs de suivi. Comme on ne devient pas entreprise à mission en général sans se passer d’engagements, l’existant offre un socle. Mais, il  doit être consolidé, rendu le plus clair possible et renforcé. Il peut arriver en revanche que l’activité fait que l'on porte plus l'accent vers le social ou l’environnemental et qu’il faille aller creuser l’un ou l’autre de ces aspects en lui donnant un contenu réel.
  • Organiser le suivi et en rendre compte. Cela veut dire notamment créer un comité de mission. Sa composition est importante car il est là pour challenger et accompagner l’entreprise. Le mieux est d’associer des salariés, représentants de la chaine de valeur (clients et fournisseurs) et personnalités externes ayant une expertise durabilité.
     

Aller vers l’entreprise à mission se révèle un parcours stimulant, aidant à l’approfondissement stratégique et à la relation avec les parties prenantes, mais aussi engageant. 

 

Auteure : Dominique Ganiage, Experte People4Impact Développement Durable