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Tout savoir sur le métier de Consultant freelance RSE 

Par Léa Escalmel, le

Le mercredi 18 janvier avait lieu la table-ronde « Tout savoir sur le métier de Consultant Freelance RSE » co-organisée avec notre partenaire Indigo. Nos invités, Marion Kulczycki et Clément Jarreau, experts de la communauté People4Impact, nous ont fait part de leurs retours d’expérience sur le métier de Consultant RSE et le passage au freelancing. Ce fut également l’occasion d'échanger sur les évolutions réglementaires à prendre en compte en 2023 pour accompagner au mieux les entreprises.

Pourquoi devenir indépendant ?

Marion Kulczycki et Clément Jarreau ont décidé de devenir experts indépendants pour retrouver plus de flexibilité, d’indépendance et de liberté dans l’organisation de leur travail. En effet, le freelancing offre la possibilité de choisir ses missions et permet d'adopter une parole plus libre dans la relation avec le client, indispensable dans la création d’une relation de confiance. 

Marion Kulczycki affectionne particulièrement la liberté de parole et la liberté de choix : « C’est beaucoup plus joyeux, on peut inventer des choses, il y a beaucoup de créativité. Avec la liberté d’organiser son temps, je me sens beaucoup mieux dans ma vie, plus alignée et plus sereine globalement. »

Les deux principaux freins rencontrés sont la sécurité financière, qui n’est pas toujours au rendez-vous quand on lance son activité, et le sentiment de légitimité. Ce changement de statut implique d’adopter une nouvelle posture face aux entreprises que l’on accompagne. Marion reconnaît de nombreux avantages au statut de freelance, mais elle admet que le travail d’équipe lui manque ; elle recherche actuellement un espace de co-working engagé pour retrouver un collectif dans son quotidien d’experte indépendante. 

Quels statuts privilégiés ?

Marion Kulczycki a privilégié la création d’une Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle (SASU), démontrant de nombreux avantages au regard du régime social et du régime d’imposition. A ses débuts, Marion a intégré une couveuse BGE, un dispositif d’accompagnement à la création d’entreprise, qui l’a beaucoup aidée dans les démarches administratives. Clément Jarreau, quant à lui, est actuellement auto-entrepreneur mais envisage également de créer une SASU, trouvant plus d’avantages à ce statut.

L’importance de se former

Le passage au freelancing nécessite d'entreprendre des démarches personnelles pour se former. En effet, les ressources (veilles réalisées par des collègues, formations proposées en interne, etc.) qui pouvaient être disponibles au sein de son entreprise en tant que salarié.e n’existent plus et se former devient beaucoup plus compliqué. Il est donc important d’être proactif pour se former et se tenir informé de toutes les évolutions réglementaires liées à son domaine d’expertise. Le passage du statut de salarié à celui de freelance nécessite parfois d’abandonner certains sujets au profit d’une spécialisation sur certaines expertises.

Pour Clément Jarreau, « il faut trouver une manière d’évoluer encore et encore ». C’est pourquoi il a décidé de se spécialiser en se formant au Bilan Carbone grâce à son Compte Personnel de Formation (CPF). Marion a choisi de se former au label B Corp et a suivi également les deux formations Bilan Carbone. Elle conseille les MOOC en ligne (MOOC UVED) ou les Focus Lab proposés par l’Institut des Futurs Souhaitables.

Les deux experts indépendants s’accordent sur l’importance de leurs échanges au sein de leur réseau pour continuer de s’informer sur les nouvelles réglementations.

« Pour l’instant, je me forme en posant des questions à mon réseau, ils me donnent des mots-clefs et je fais ma formation tout seul en allant éplucher les textes réglementaires. (…) Cela fonctionne plutôt bien, mais pourquoi pas à l’horizon un ou deux ans faire quelque chose de plus structuré et financer une formation. » - Clément Jarreau

Marion privilégie aussi la lecture de newsletters sur ses domaines d’expertise. « J’ai créé un système avec plusieurs newsletters et quand j’ai un peu de temps, j’ai un créneau dédié dans mon agenda pour m’informer. Pendant l’une de mes missions réalisées avec People4Impact, j’avais un volet veille. Tout au long de la mission, j’ai pu faire de la veille et j’ai gardé cette habitude. » - Marion Kulczycki

Comment trouver des missions et se faire connaître ?

Il est possible de travailler avec tout type d’entreprises, du grand groupe à la start-up, en passant par l’ETI. Travailler pour de grandes entreprises en tant que Consultant indépendant peut être plus compliqué, car il y a souvent deux niveaux de sous-traitance via un cabinet de conseil. Cela tend à évoluer grâce aux plateformes d’intermédiation, à l’instar de People4Impact, qui proposent des contrats tripartites et offre de la visibilité et une certaine crédibilité aux expert.es indépendant.es.

« People4Impact travaille avec beaucoup de grands groupes et d’ETI pour lesquels c’est très rassurant de passer par une entreprise plutôt que de passer en direct avec un.e freelance. Les entreprises sont rassurées, car il y a un contrat rédigé avec une entité juridique. » - Adeline Labelle, Responsable Développement Offre et Communauté People4Impact.

Trouver ses premières missions n’est pas toujours facile. Le premier conseil de nos experts serait de penser à solliciter son réseau. En effet, vos anciens clients, collègues ou fournisseurs peuvent avoir des besoins et connaissent vos compétences et votre manière de travailler. Marion Kulczycki a commencé en proposant de la formation et de l’accompagnement bénévole à des personnes issues de son réseau pour se faire de l’expérience et acquérir des références. 

« Les plateformes d’intermédiation, comme People4Impact, proposent aussi des choses très intéressantes. Au début, c’est beaucoup le réseau, des personnes qui nous font confiance, qui savent que nous allons délivrer. C’est probablement un des arguments principaux par rapport à un cabinet de conseil que le client pourrait faire intervenir, qui a une marque, une légitimité plus établie. Le lien de confiance avec le client est un élément de différenciation majeur. » - Clément Jarreau

Les évolutions réglementaires qui attendent les entreprises 2023

La directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) est la nouvelle préoccupation de nombreuses entreprises en Europe. Cette évolution de la Déclaration de Performance Extra-Financière (DPEF) imposera aux entreprises dès 2024 un cadre plus contraignant en termes de reporting. Jusqu’à présent 11 000 entreprises étaient soumises à la DPEF, la CSRD change d’échelle puisque ce sont plus de 50 000 entreprises qui devront s’adapter à ces nouvelles exigences réglementaires. 

L'objectif de la CSRD est de faire évoluer les stratégies RSE grâce au concept de double-matérialité. Les entreprises devront dès lors prendre en compte les impacts de leurs activités sur l’environnement, mais également ceux des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) sur l’entreprise. 

Pour Clément Jarreau, la montée en puissance de la data ESG constituera également un défi de taille pour les entreprises. Mandaté par la Commission européenne, l'European Financial Reporting Advisory Group (EFRAG) a formulé des recommandations pour imposer de nouveaux standards de reporting, les European Sustainability Reporting Standards (ESRS). L'objectif est de renforcer la fiabilité des données ESG grâce une collecte de données sur environ un millier de critères, qui permettront de construire jusqu'à 84 indicateurs de performance. 

« D’ici trois ans, l'ESG sera à l'image de la comptabilité financière. C’est l’esprit de la CSRD, faire en sorte qu’on ait des données ESG ultra fiables, aussi fiables que des données financières. » - Clément Jarreau

Selon Clément Jarreau, les entreprises vont également devoir être accompagnées pour s'adapter aux évolutions de la taxonomie européenne. Entrée en vigueur à la fin de l’année 2021, celle-ci oblige progressivement les entreprises à rendre compte de la proportion de leurs activités "vertes". En proposant une méthodologie de classification selon 6 objectifs (atténuation du changement climatique, adaptation au changement climatique, utilisation durable et protection des ressources aquatiques et marines, transition vers une économie circulaire, prévention et contrôle de la pollution, prévention et restauration de la biodiversité et des écosystèmes), la taxonomie vise à réorienter les investissements vers les activités économiques contribuant à la transition écologique.  

Pour s’adapter à toutes ces nouvelles réglementations, les entreprises doivent faire évoluer leur organisation grâce à la mise en place d'une culture et d'une gouvernance engagées et encourager les équipes financières à collaborer avec les équipes RSE. 

Raison d’être, Sociétés à Mission, BCorp... : la croissance de nouveaux modèles d’affaires

« Depuis deux ans, je vois beaucoup d’entreprises qui veulent vraiment se transformer et qui voient la RSE comme une mission plutôt que comme une RSE circonstancielle. » - Marion Kulczycki

Il existe aussi aujourd’hui plusieurs mouvements d'entreprises qui encouragent les entreprises à s'engager en faveur de la transition écologique, tels que la Convention des Entreprises pour le Climat, qui se décline par région et par secteur, le mouvement de la permaentreprise et l’entreprise régénérative, BCorp et les Sociétés à Mission instaurées par la loi Pacte. 

Si de nombreux clients font appel à l’expertise de Marion sur les achats responsables et les droits humains pour se mettre en conformité ou améliorer leur note EcoVadis, son accompagnement consiste à aider les entreprises à aller plus loin dans leurs démarches vers ces nouveaux modèles d'entreprises et prendre de nouveaux engagements de manière volontaire .

Marion Kulczycki craint néanmoins l’apparition d’une polarisation des entreprises, entre un mouvement très engagé et d’autres entreprises qui s’engagent plutôt pour répondre à des objectifs de communication. Clément Jarreau est quant à lui plutôt optimiste et pense que les mesures imposées par la CSRD mettront progressivement fin à cette instrumentalisation de la RSE. Les entreprises n’auront d’autres choix que de mettre en place une réelle transformation de leur organisation.