Chronique4Impact

Cradle to Cradle : Au Delà de la Durabilité, Créer la Beauté, Concevoir l’Abondance (1/3)

Par David Amar, le

Photo Unsplash

Selon moi, c’est un fait, l’économie linéaire n’existe pas ! L’économie linéaire n’est rien d’autre qu’une économie circulaire à impact négatif massif, une économie circulaire dégénérescente.

Vous avez surement déjà vu ce dessin pour illustrer l’économie linéaire, le recyclage et l’économie circulaire. Et pourtant, aussi explicite que ce dessin puisse être, il est faux. Il empêche une grande partie d’entre nous de comprendre véritablement ce qu’est l’économie circulaire et pourquoi elle doit absolument viser l’impact positif.  Ce dessin nous fait croire que les choses s’arrêtent à la poubelle. Il ne nous permet pas de visualiser ce qui se passe réellement au-delà de la poubelle : le fait que les déchets dans cette poubelle soient collectés puis enfouis, incinérés parfois seulement jetés un peu plus loin comme de la poussière sous un tapis. Et parfois, pire, ils se retrouvent en pleine Nature. Aucun déchet ne s’est jamais arrêté à la poubelle, et c’est bien ça le problème !

 

L’économie circulaire, trop souvent illustrée comme l’inverse de l’économie linéaire, celle du prendre, produire et jeter

La plupart des entreprises opère depuis des années avec des business models qui consistent à jeter une grande partie de ce qui a été acheté, ou qui a simplement servi à vendre un produit. Prendre, produire et jeter ne sera jamais linéaire et pour une raison toute simple que nous connaissons tous, rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme.

La question est donc de participer activement et consciemment à la régénération des systèmes biologiques ou technologiques, et non à leur destruction. A nous de soigner les systèmes avec lesquels nous faisons tourner notre société et de soigner les systèmes dont notre société a besoin pour exister. Et fort possiblement de commencer par nos esprits, nos façons de penser. Jeter, la dernière étape de l’économie linéaire (prendre, produire, jeter) n’est en fait qu’une partie de la boucle permanente des flux circulaires qui ont permis à la Vie de grandir, de croitre et d’évoluer sur Terre pendant des milliards d’années sans s’auto-détruire.

Nous devons passer d’une économie circulaire à impact négatif à une économie circulaire à impact positif et viser une économie circulaire régénératrice.

Une des premières questions que j’aime poser en présentant le Cradle to Cradle ou l’économie circulaire à impact positif : « Comment la Nature a-t-elle fait pour grandir, croître et évoluer sur Terre pendant des milliards d’années sans s’auto-détruire, comment a-t-elle fait pour accomplir une telle prouesse ? »

Elle a créé des cycles infinis dans un système fini. Et nous, qu’avons-nous fait ?

Nous avons inventé la poubelle croyant pouvoir nous débarrasser de ce qui nous dérange ou dont nous ne voulons plus. 

 

« Don’t throw anything away, there is no away. * »

N’oublions pas non plus, et malgré ce que le dessin pourrait nous faire croire, que la poubelle ne cessera pas d’exister car nous aurons toujours besoin de pouvoir disposer des choses dont nous n’avons plus l’utilité, il nous faudra seulement apprendre à nous organiser.

A chaque fois que nous jetons des déchets qui ne rejoignent pas un flux créateur de valeurs sociales, écologiques et économiques, non seulement nous perdons des matières précieuses pour nourrir le sol, pour nourrir nos économies et nos technologies mais surtout ces actions pollueront les sols, les appauvriront, pollueront l’eau et l’air et empoisonneront ce qui nous donne la Vie.

Ce seront donc des impacts négatifs massifs, pour nous, pour les êtres vivants et les écosystèmes car au lieu d’aller régénérer ces cycles, nous allons les dégénérer.

Au lieu d’aller enrichir nos écosystèmes sociaux et économiques, nous allons les appauvrir.

Prenons conscience de toutes les richesses que nous avons pu créer avec un système dégénérescent, même si elles ne profitent malheureusement pas encore à tous.

Maintenant imaginons la richesse que nous pourrons créer si nous nous appliquons à créer des systèmes régénératifs qui je l’espère, seront un jour justes et bénéfiques pour tous.

Pour toutes ces raisons, il est non seulement possible de dire que l’économie linéaire n’existe pas, mais qu’elle est seulement une économie circulaire à impact négatif massif. Dès lors il me semble essentiel d’avoir comme objectif, aussi ambitieux soit-il, une économie circulaire à impact positif.

Si nous avons nommé le développement durable, une stratégie de réduction de nos impacts négatifs quand nous voulions parler d’écologie, en suivant cette même logique et en acceptant que les flux régissant nos systèmes sont permanents, nous pouvons comprendre que l’économie circulaire est un terme englobant tous les flux régissant nos écosystèmes, du négatif au positif en passant par le zéro et donc qu’une économie circulaire à impact positif est une méthode, un outil de choix pour mettre en place l’économie de la régénération.

Il est normal que nos connaissances les plus avancées en Ecologie (la science de l’habitat) régissent notre économie (la gestion de l’habitat).

Un sac plastique qui va se biodégrader pendant plusieurs milliers d’années dans l’océan ne fait que retourner à la Nature, seulement il le fait en l’abimant, en la polluant, en la rendant malade voire invivable.

Si pendant longtemps l’écologie ne cherchait qu’à réduire un impact négatif, faire moins mal, voire la neutralité, le zéro, nous passons aujourd’hui à une écologie qui cherche à faire du bien, à régénérer, à avoir un impact positif, c’est la même chose pour l’économie circulaire. Notre volonté de passer d’une économie linéaire à une économie circulaire est en fait un souhait de passer d’une économie circulaire à impact négatif massif à une économie circulaire à impact positif, qui je l’espère, sera massif aussi.

Une fois intégré le fait que tout fonctionne déjà en économie circulaire, c’est à nous de choisir de concevoir des produits et des services, des écosystèmes et des organisations pour implémenter l’impact positif tout au long des cycles dont nous faisons parties et pour lesquels nous sommes responsables, ou du moins pour lesquels une obligation de conscience nous invite à en prendre responsabilité.

 

C’est que je vous propose avec le Cradle to Cradle ou C2C. Une méthodologie forte de 25 ans d’expérience et d’évolution pour devenir une référence de conception de produit pour une économie circulaire saine. C’est par la volonté de créer de la beauté visible, j’ai commencé ma carrière comme créatif dans la mode, que je souhaite aujourd’hui créer la beauté invisible.

Si la Nature a su créer un monde d’abondance, alors n’oublions pas que nous sommes la Nature. Nous le pouvons aussi.

 

Vous souhaitez en savoir plus, inspirer vos équipes, les former et passer à l’action ? Contactez-nous et faisons ces choses ensemble. Collaborer est une des clés de la réussite.

 

Auteur : David Amar, Expert People4Impact 

 

* Don’t throw anything away, There is no away est une expression difficile à traduire mais qui signifie simplement qu’il n’y a aucune responsabilité dont nous ne pourrions nous décharger où et quand nous le souhaiterions, nous devons enfin prendre responsabilité de tout ce que nous créons. 

Retrouvez le deuxième volet de sa chronique ici et le troisième volet ici.