Chronique4Impact

Cradle to Cradle : Au-Delà de la Durabilité, Créer la Beauté, Concevoir l’Abondance (3/3)

Par David Amar, le
Jean-Philippe Delberghe - Unsplash

En 2009, le diagramme ci-dessous, aussi appelé le papillon de l’économie circulaire, est né lors d’un workshop de MBDC, les fondateurs du C2C (Cradle to Cradle) avec la Fondation Ellen MacArthur. Il est très souvent cité et avec les années, j’ai pu me rendre compte que sa source est assez peu connue par les personnes qui le présentent ou l’utilisent.

  

 

« We practice what we preach » 

Le Cradle to Cradle s’impose à lui-même la même rigueur et la même exigence qu’à ceux qui l’appliquent, une stratégie d’évolution et d’optimisation continue. 

Nous en sommes aujourd’hui à la version 4 de la certification et de sa méthodologie. Méthodologie entièrement ouverte et consultable directement sur le site de l’institut qui a l’exclusivité de la certification. Une méthodologie qui devient plus exigeante avec, chaque avancée, de la science, des technologies et des outils qui nous permettent d’élever nos standards toujours plus hauts. 

L’une de ces évolutions, et je pense l’une des plus importantes de ces dernières années, est d’avoir inclus la qualité des sols dans le pilier qui ne concernait que la qualité de l’eau auparavant. 

Quand j’ai commencé à véritablement creuser ces sujets en 2010, le premier chiffre qui me marquait profondément était celui de la qualité des sols en Europe. Cette année-là, la Soil Association partageait des résultats alarmant, 48,8% des sols agricoles européens étaient de qualité désertique. Autrement dit, sans intrant et sans arrosage en grande quantité, rien ne pousse. Quand on sait que 25% des sols européens sont consacrés à l'agriculture, cela donne une idée de l'ampleur des dégâts (aujourd’hui c’est un tiers des terres arables du monde qui est dégradé). 

Concevoir des produits et des services pour venir nourrir la boucle biologique et participer activement à la régénération de la biosphère et des sols relevait de l’évidence. La Terre ne porte-t-elle pas ce nom pour une bonne raison ? 

Un sol qui s’appauvrit et se meurt émet du Co2, un sol riche et vivant, abrite de la biodiversité et stocke du carbone. Il évite aussi l’érosion des sols et retient l’eau tout en participant au cycle local de l’eau. Je ne pourrais pas énumérer en quelques lignes tous les services rendus par des sols vivants comme baisser la température lors de forte chaleur, nécessiter moins d’arrosage pour les cultures, offrir habitat et protection à plus d’espèces vivantes, de meilleurs rendements et de meilleure qualité… 

Après l’été 2022 que nous venons de passer, restaurer et régénérer les sols devrait être l’une de nos priorités. Savoir que c’est maintenant explicitement contenu dans la certification C2C, et non plus seulement de manière implicite à travers la circularité des produits et services dans la biosphère, manifeste une fois de plus notre engagement dans la lutte contre le dérèglement climatique et notre volonté d’impliquer toutes les organisations déjà engagées sur ce chemin. 

A ses débuts, le C2C a su toucher les matériaux de construction et le mobilier, ensuite les produits d’entretiens puis la mode et l’industrie textile. Aujourd’hui cela continue avec les cosmétiques et pour la première fois un produit électronique a pu recevoir une certification. C’est aujourd’hui plusieurs centaines d’entreprises et de marques pour plusieurs milliers de produits certifiés avec toujours la même idée en tête : celle d'un monde où des matériaux et des produits sûrs et sains sont conçus et fabriqués dans le cadre d'une économie circulaire prospère afin de maximiser la santé et le bien-être des personnes et de la planète. 

 

Quand certains parlent de la fin de l’abondance, nous vous proposons de la concevoir volontairement. 

Bill McDonough dit que le design est le premier signe de l’intention humaine. Quelle est notre intention ? 

Et surtout n’oublions pas, nous créons le monde dans lequel nous vivons.

 

Auteur : David Amar, Expert People4Impact

Retrouvez le premier volet de sa chronique ici et le deuxième volet ici.