Chronique4Impact

Comment le vivant peut nous aider à transformer nos organisations ? (2/2)

Par Lénaïk Fily, Karine Weber et Mia Tahan, le

Photo Canva x Karine W., Mia T. et Lénaïk F.

"L’architecte du futur construira en imitant la nature, parce que c’est la plus rationnelle, durable et économique des méthodes." - Antoni Gaudi

Pour s’adapter à un monde en mutation, s'inspirer des principes du vivant permet de décadrer le regard, de changer nos indicateurs de valeurs, d'appréhender différentes échelles de temps et de mesure. Ces principes offrent une approche systémique, centrée sur la durabilité, qui permet de repenser nos modèles économiques, sociaux, en tenant compte des limites planétaires.

 

Des organisations vivantes

Pablo Servigne et Gauthier Chapelle dans leur ouvrage L'entraide, l’autre loi de la jungle, remettent en question la supériorité de la compétition comme modèle du développement économique et social. Dans le monde vivant, les relations de compétition existent, mais elles ne profitent que partiellement au vainqueur, au prix d’une forte consommation d’énergie.

Ils soulignent l'importance d’autres formes d’interactions : la coopération ou les interactions symbiotiques qui favorisent une utilisation optimale des ressources, et renforcent la résilience des écosystèmes.

De nos jours, de plus en plus d’entreprises intègrent ces principes dans leur business modèles, leurs organisations, leur raison d’être : économie circulaire ou régénérative, réduction des déchets, sobriété énergétique, statut juridique (scoop)…

 

L’exemple de Thomas Breuzard et de sa démarche de permaentreprise est une source d’inspiration intéressante. Reposant sur les principes de la permaculture, cette restructuration d’entreprise se base sur 3 éléments clés : prendre soin des humains, de la Terre et fixer des limites tout en partageant le surplus. Elle adopte une approche éthique en définissant une raison d’être, en utilisant les ressources sobrement et de manière régénérative, avec des objectifs d’impacts interdépendants pour mesurer les progrès. Ce type de gouvernance offre de réels avantages aux entreprises : attirer et fidéliser les talents, les clients, favoriser l’innovation, économiser et anticiper les enjeux futurs.

Ces nouveaux modèles d’affaires contributifs s'appliquent à tous les niveaux et redéfinissent le rôle des entreprises dans la société. Cela implique de créer des politiques publiques et des initiatives qui promeuvent la durabilité et le bien-être collectif, en tenant compte du vivant. La réglementation et de nouvelles règles économiques et sociales doivent être imaginées pour créer des sociétés qui permettent de respecter les accords de Paris ou les ODD promus par l’ONU.

 

Pour cela, il faut définir de nouveaux indicateurs. Timothée Parrique dans son livre “Ralentir ou périr, l’économie de la décroissance” explique que le PIB (Produit Intérieur Brut) est “le métronome de nos sociétés modernes”. Cette “calculatrice géante qui additionne toutes les transactions d’une économie” ne tient pas compte des impacts sur le vivant, ne comptabilise pas la richesse créée par des activités comme le bénévolat, la garde d’enfants, les services écosystémiques, ne dit rien sur les inégalités ni sur le bien être des individus, ni sur la santé des écosystèmes.

D’autres “thermomètres” socio-économiques existent néanmoins : par exemple, le Bonheur National Brut au Bhoutan qui mesure le bonheur et le bien-être de la population, l’indicateur du Donut où la croissance est remplacée par la stabilité de l’activité économique entre un plancher social et un plafond environnemental.

La pandémie de COVID 19 a mis en lumière les vulnérabilités actuelles de nos systèmes et de l’interdépendance de nos territoires. Elle a aussi révélé le rôle essentiel de nombreux métiers sans lesquels celui-ci ne pourrait plus fonctionner, et sont pourtant les moins considérés.

 

En conclusion, à l’inverse de nos pratiques, le vivant utilise les ressources avec parcimonie afin de maintenir un équilibre dans les écosystèmes pour ne pas épuiser les ressources existantes. Pour mettre en œuvre ces principes, on peut favoriser la participation citoyenne et la collaboration entre tous les acteurs de la société, en remettant le vivant au centre de la conversation.

 

 Auteures : Karine W., Mia T., Lénaïk F., Expertes People4Impact et membres du Collectif Commune Nature

Karine Weber, Consultante éco-conception et bio-inspiration, spécialisée en logistique et retail, intervient auprès d'entreprises et de collectivités sur des problématiques stratégiques, d'organisation, en logistique pour proposer des solutions durables. 

Mia Tahan, Consultante en soutenabilité, formée également au biomimétisme, intervient auprès des organisations pour mettre en place des projets inspirés du vivant et sensibiliser aux enjeux de biodiversité et de climat. 

Lénaïk Fily, Directrice Artistique et Consultante en innovation écologique et sociale, accompagne les organisations grâce des solutions mêlant outils du design et biomimétisme. 

 

Retrouvez le premier volet de la chronique ici.